LES TROUBLES DÉPRESSIFS ET LA MÉDECINE FONCTIONNELLE  

Les échecs des traitement sont beaucoup trop fréquents, en grande partie parce que la dépression n’est pas un trouble unique ou simple. Il existe de nombreuses causes possibles de dépression. Dans cet article, j’aborde l’étiologie ou les différentes causes et la prise en charge possible.

Des facteurs biologiques les plus courants, retenus par la communauté scientifiques qui contribuent à cette pathologie comprennent :

La thyroïde :

Une thyroïde hypo-active affecte les fonctions cérébrales.

S’assurer du bon fonctionnement de la thyroïde peut être bénéfique pour améliorer l’humeur notamment en supprimant le sucre de votre alimentation, ce qui peut paraître surprenant :

Le sucre étant fréquemment associé au pancréas et à sa sécrétion d’insuline !

Booster la synthèse des hormones thyroïdiennes en contrôlant vos déficits en nutriments essentiels au bon fonctionnement de votre thyroïde dont les marqueurs restent le dosage de la TSH, T4 et T3.

La synthèse des hormones thyroïdiennes nécessitent la présence d’oligoéléments qui peuvent également être dosés en biologie fonctionnelle tels que le zinc et l’iode.

La santé cardiaque

Prenez au sérieux la santé cardiaque, qui nécessite un bien-être émotionnel. [1]

La dépression est 3 fois plus fréquente chez les patients ayant eu une crise cardiaque, étant donné que les principaux facteurs de stress sont connus pour contribuer au développement de la dépression et des maladies cardiovasculaires.

L’inflammation 

L’inflammation systémique de bas grade ou ISBG est la cause silencieuse de la dépression.

De nombreuses études démontrent qu’un niveau élevé d’inflammation peut être responsable de pathologies chroniques, de vieillissement prématuré (Stress oxydant et radicaux libres) et problèmes de santé mentale y compris la dépression, les troubles anxieux et plus encore.

Une dysbiose ou une modification de la flore intestinale est fortement associée à des niveaux élevés d’inflammation.

Des études démontrent l’intérêt des compléments nutritionnels aux propriétés antiinflammatoires tels que les acides gras oméga 3 et la curcumine. Ces derniers diminueraient la dépression chez les personnes atteintes d’inflammation chronique.

Des concentrations plus élevées en DHA dans les membranes des globules rouges, ainsi que des apports plus élevés d’EPA réduiraient les symptômes des dépressions sévères. [2]

L’EPA et le DHA sont présents dans les petits poissons gras (sardines, maquereaux, harengs, anchois) ou les huiles de poissons des mers froides.

Les études démontrent clairement que la consommation de compléments riches en lipides EPA et DHA sont bénéfiques pour les personnes présentant des symptômes dépressifs.

D’autres études démontrent l’intérêt d’une flore eubiotique ou en bonne santé pour éviter les troubles mentaux. La connexion intestin-cerveau. Un bon nombre de recherches démontre le lien entre le microbiote intestinal et la santé mentale[3], ainsi qu’une barrière intestinale saine pour optimiser l’absorption ou l’assimilation des nutriments et l’immunité.

Le COVID

L’infection au SARS-CoV-2 2 serait une cause majeure de troubles psychiatriques tels que la dépression.

Une études publié dans le JAMA Network Open a révélé que 52,4% des patients post-Covid présentaient des symptômes persistants impliquant l’humeur, le sommeil, l’anxiété et la fatigue, qui contribuaient à une augmentation de troubles dépressif majeurs observés dans les études épidémiologiques récentes[4].

Stimulez le système immunitaire avec des suppléments comme la vitamine D, le zinc, le sélénium, la vitamine A peut s’avérer judicieux avec les dosages biologiques associés.

Un Covid Long peut nécessiter une prise en charge personnalisée qui inclut des changements de mode de vie, un bilan en biologie fonctionnelle pour cibler les carences nutritionnelles.

Ce n’est qu’en s’attaquant à toutes les causes sous-jacentes de la maladie que vous pourrez vraiment guérir de cette pathologie.

Le Fer

Cet ion majeur est un nutriment essentiels à la fabrication de nos neurotransmetteurs.

Le statut martial a été mon sujet de mémoire de fin d’études en médecine fonctionnelle.

De nombreuses études démontrent le lien entre une carence en fer et la prévalence de symptômes dépressifs auxquels nous pouvons ajouter les troubles dysphoriques prémenstruels (TDPM, atteinte neuropsychique du syndrome prémenstruel : Irritabilité, émotivité, colère, pulsions alimentaires, dépression, désespoir, idées noires de deuxième partie du cycle, voir bloc « TDPM » sur la 1er page de ce site pour plus d’informations )

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une pléthore d’aliments pouvant vous apporter du fer notamment le poulet, le bœuf, le boudin, les asperges, les huîtres, les légumineuses, le jaune d’œuf et légumes à feuilles vertes.

La supplémentation après un dosage de votre ferritine pourrait s’avérer nécessaire. Mais la plupart des médicaments prescrits sont peu tolérés et limite l’observance des traitements.

Le bisglycinate de fer est le complément alimentaire de choix. Il est peut-être temps de faire un bilan martial (bilan biologique avec en priorité la ferritine, CST, NFS, CRPus) dont la carence pourrait expliquer vos troubles cognitifs, votre fatigue, votre irritabilité et/ou vos troubles de l’humeur ?

La moisissure :

Une étude révolutionnaire sur la santé a révélé un lien entre les maisons humides, la moisissure et la dépression.

Des scientifiques ont déclaré que les résultats ont été une surprise !

« Il s’agit d’une vaste étude, analysant les données de 5 882 adultes dans 2 982 ménages.

Les moisissures sont des toxines, et certaines recherches ont indiqué que ces toxines peuvent affecter le corps humain dont le système nerveux ou le système immunitaire ou entraver la fonction du cortex frontal, la partie du cerveau qui joue un rôle dans le contrôle des impulsions, la mémoire, la résolution de problèmes, le comportement sexuel, la socialisation et la spontanéité » [5]

L’alimentation fonctionnelle

La plupart des troubles psychiatriques peuvent être améliorés. Notre alimentation joue un rôle prépondérant sur notre santé intestinale, les symptômes de la dépression et de l’anxiété.

De nombreux nutriments sont essentiels dans la prévention et la gestion de la dépression et de l’anxiété.

Leurs rôles permettent de :

  • Limiter l’inflammation
  • Combattre le stress oxydatif
  • Moduler votre microbiote intestinal
  • Réguler l’hyperactivité de l’axe Hypothalamus-hypophysaire-surrénalien, l’axe du stress
  • Soutenir la synthèse ou la fabrication des neurotransmetteurs tels que la sérotonine, la dopamine qui jouent un rôle essentiel dans la régulation de l’humeur

Nous avons vu que la dépression était notamment associée à une inflammation  neurologique (ISBG), à un défaut de production de neurotransmetteurs, à une dysbiose ou modification de la flore intestinale et à l’hyperactivité de l’axe du stress ; HHS.

Dans de nombreux essais cliniques publiés, l’adoption d’un mode alimentaire plus sains est essentielle à la réduction des risques de dépression ou des symptômes associés.

Ces aliments comprennent :

  • Des petits poissons gras
  • Du thé vert (antioxydant)
  • Des aliments riches en fibres (fruits et légumes)
  • Des Noix du brésil riche en sélénium (3 par jour max)
  • Des légumineuses et noix etc.

Associé à une prise en charge spécifique, un bilan en biologie préventive ou médecine fonctionnelle pour cibler les compléments tels que :

Les huiles de poissons des mers froides, la curcumine, le resvératrol, l’EGCG (thé vert), des souches probiotiques, des vitamines du groupe B selon les carences, BCAA et/ou des fibres alimentaires.

Autres approches complémentaires :

Combattre la solitude

La solitude et l’isolement social accroissent la dépression tandis que de bonnes relations sociales sont au contraire protectrices. Le Dr Tegan Cruwys et ses équipes ont constaté que les « groupes d’appartenance ou associatifs, ont un rôle important à jouer pour diminuer la dépression.

La connectivité sociale est le bon endroit où regarder. Ces nouvelles approches peu coûteuses sont à explorer en première intention[6] !

La TCC

 Les mieux évaluées scientifiquement sont les thérapies cognitivo-comportementale TCC. De nombreuses analyses démontrent qu’elles conduisent à des améliorations significatives et durables des symptômes dépressifs, à tous les stades de la maladie[7].

La WBH (Traitement prometteur)

 Hyperthermie du corps entier (WBH) en tant que traitement non pharmacologique des troubles dépressifs majeurs (Technologie de chauffage Saunas à infrarouge) [8]

Un nombre croissant d’études suggère que les pratiques de chauffage du corps entier peuvent être bénéfiques dans le traitement de la dépression clinique.

Les données épidémiologiques et certaines données expérimentales suggèrent que les pratiques WBH (L’hyperthermie du corps entier) sont associées à une réduction du risque de problèmes de santé physique et mentale. (Troubles cardiovasculaires, démence, maladie d’Alzheimer, maladies respiratoires aiguës et chroniques etc. [9]

 Le Neurofeedback, Biofeedback

Selon une méta-analyse, plus de 40 à 50% des patients ne répondent pas aux traitements psychothérapeutiques ou pharmacologiques.

 On estime selon l’OMS 2017, que plus de 75% des personnes déprimées ne sont pas traitées.

Le neurofeedback constitue une technique prometteuse dans la prise en charge et la réduction de la symptomatologie dépressive.

Des déficiences fonctionnelles des circuits neuronaux ont été identifiées dans certaines structures cérébrales de patients déprimés.

Ces derniers présenteraient une activité alpha de l’hémisphère gauche plus élevée et hypo activation de la région préfrontale gauche.

Le traitement de cette asymétrie en neurofeedback améliorerait les symptômes dépressifs.

Logiciel d’entraînement : Plus d’infos : https://neuroptimal.com/pourquoi-neuroptimal/ ou autres apps. Certains psychologues sont formés au neurofeedback.

Le sommeil

Des rythmes décalés, des nuits trop courtes, dérèglent les rythmes circadiens qui font varier la concentration de neurotransmetteurs essentiels, comme la sérotonine et la dopamine.

Le sommeil contribue de manière importante aux processus de mémoire et de plasticité du cerveau.

Les études des neuroscientifiques Matthew Walker et Robert Stickgold démontrent que notre humeur aurait tendance à basculer vers le négatif en cas d’insomnie chronique et que la faculté du cerveau à récupérer et à se restructurer dépendrait d’une bonne nuit de sommeil.

La malbouffe

La consommation d’aliments ultra transformés est associée à une augmentation de symptômes dépressifs, à l’anxiété et aux troubles mentaux courants.

La consommation de viande rouge en excès, de graisses saturées, de sucre et céréales raffinées, pauvres en nutriments sont les sujets de nombreuses études relatives aux troubles mentaux.

Les troubles mentaux peuvent également s’expliquer par les composants non nutritifs ou produits lors de l’ultra-transformation des aliments.

Ces carences sont impliquées dans la modulation des voies neuronales et la dérégulation de la synthèse et de la libération des neurotransmetteurs impliqués dans les troubles de l’humeur, tels que :

  • La dopamine (concentration, mémorisation, jambes sans repos, repli sur soi),
  • La sérotonine (irritabilité, anxiété, trouble du sommeil, trouble de l’humeur),
  • L’axe HPS ou axe du stress.

Les produits ultra-transformés (PUT) sont aussi responsables de la modification de la composition du microbiote intestinal (diversité réduite) et favorisent une réponse inflammatoire[10].

Or une inflammation chronique ou systémique entraînerait la libération de molécules appelées « cytokines », qui perturbent la synthèse de ces neurotransmetteurs et favorisent la neuroinflammation présente chez plus de 40% des patients déprimés. « La neuroinflammation entraîne une plus grande résistance aux antidépresseurs » déclare le Dr Marion Leboyer (Inserm/recherches maladies psychiatriques, Grand prix 2021[11]).

Ces méta-analyses démontrent le lien entre la consommation d’aliments ultra-transformés, les maladies chroniques et les troubles mentaux. L’adoption d’habitudes alimentaires saines améliore nettement la santé des personnes souffrants de troubles dépressifs.

Et selon le Dr Leboyer : « Avec en ligne de mire, une médecine personnalisée pour chaque malade » ; une médecine dite prédictive, préventive, personnalisée et participative :

Le concept de la « Médecine 4P », terme breveté par l’Institute for System Biology.

Un concept utilisé en « médecine fonctionnelle » en tenant compte de la singularité et des variations interindividuelles, tout en responsabilisant le patient face à sa maladie.

La médecine fonctionnelle et la dépression :

C’est aujourd’hui la médecine moderne par excellence.

Une pratique adaptée aux besoins de santé de notre siècle. C’est une approche scientifique et intégrative de la santé avec pour objectif la stimulation des capacités d’auto-réparation de l’organisme.

Chaque individu reste unique du fait de son hygiène de vie, de son histoire, de son environnement et de ses antécédents de santé.

La prise en charge passe par une démarche intégrative, alimentaire et authentique de la santé.

La nutrition fonctionnelle est basée sur une hygiène de vie spécifique ou personnalisée et un apport de micronutriments essentiels (vitamines, minéraux, oligoéléments) pour satisfaire les carences en nutriments nécessaires au bon fonctionnement de nos cellules, de nos enzymes et, ici, de notre système nerveux.

Les carences alimentaires les plus courantes :

  • Le magnésium

Responsable de plus de 300 réactions enzymatiques. Une déficience peut se manifester par de l’anxiété, du stress, de l’émotivité. Des tremblements, une oppression respiratoire, des insomnies …ETC qui peuvent entraîner un état dépressif.

  • Le fer

Un oligo-élément que nous avons vu dans les chapitres précédents essentiel à la synthèse des globules rouges mais pas seulement ! Les neurotransmetteurs, les hormones thyroïdiennes, essentiel à la détox hépatique. Une carence légère ou fonctionnelle en fer peut entraîner de la fatigue, des maux de tête, des troubles de concentration et mémorisation, irritabilité et anxiété (en lien avec la synthèse de la dopamine et la sérotonine)

  • Le calcium

Il garantit entre autres le bon fonctionnement de nos cellules musculaires et nerveuses et autres processus dont enzymatiques.

  • La vitamine D

Une déficience se manifeste par de la fatigue, douleurs osseuses, peau sèche, crampes, troubles immunitaires et nerveux selon les dernières études.

  • Le zinc

La dépression, manque d’appétit, fatigue, taches sur les ongles etc.

  • Les acides aminés

Certains acides aminés donnent naissance à nos neurotransmetteurs : La dopamine, la sérotonine, le GABA etc.

Ces acides aminés sont entre autres:  La Tyrosine, La phénylalanine, le tryptophane, l’acide glutamique ou la glutamine).

Mais tout cela n’est pas aussi simple, il existe une compétition entre ces acides aminés pour passer la barrière hémato-encéphalique (pour rentrer dans notre cerveau) et synthétiser nos neurotransmetteurs !

Le transporteur assure l’entrée du tryptophane mais aussi de la tyrosine et autres acides aminés dits ramifiés (leucine, isoleucine, valine).

Une compétition qui n’est pas en faveur du tryptophane (précurseur de la sérotonine, l’hormone de l’apaisement).

Des facteurs vous permettront de privilégier le passage de cet acide aminé en favorisant la libération de l’insuline : Les glucides. Mais pas n’importe lesquels et à tout moment de la journée !! (Selon les conseils de votre thérapeute)

On vous a conseillé une supplémentation en tryptophane, Trp ?

Certainement pas une bonne idée si vous souffrez :  D’obésité, de dysbiose intestinale (altération du microbiote, ballonnements, troubles du transit) et d’autre part, d’une inflammation ou autres maladies cardio-métaboliques.

Cet acide aminé ; Trp ; subira une déviation majeure vers la production de molécules toxiques (Voie IDO) et autres métabolites au détriment de la synthèse de sérotonine !!

Conclusion 

Tous ces propos et ces conseils sont volontairement non exhaustifs et ne se substituent pas à l’ensemble des traitements de la prise en charge de la dépression.

Pour plus de renseignements, vous pouvez me contacter via le formulaire de contact ou l’onglet discussion “en direct” à gauche de cet écran. Onglet de prise de rdv (Cabinet ou en Visio) en tête de page. Merci

Laurence Fuhrmann ; DUE Médecine Fonctionnelle et nutritionnelle, Naturopathe , Adhérent OMNES, SPN, Féna, SIIN. Enseignement et Biologie fonctionnelle SIIN et LIMS, Nutrition et Gut Health Stanford 2024   

 

[1] Redford B. Williams. June 2011. 123 :e639-e640. Depression after heart attack. Why should I be concerned about depression after a heart attack?

[2] Joseph R Hibbeln, April 18, 1998. The Lancet Fish consumption and major depression

[3] Thérèse Limbana, Farah Khan, Noha Eskander. Cureus 2020 Aug;12(8):e9966. Gut Microbiome and Depression : How Microbes Affect the Way we think

[4] Roy H. Perlis, MD, MSc, Katherine Ognyanova, PhD, M. Santillana, PhD, Jama Netw Open. 2021;(3):e213223. Association of Acute symptoms of Covid-19 and symptoms of Depression in Adults.

[5] Allison Liebhaber, Mary Jean Brown Harvard School of Public health, Université Brown, Aout 2007 (Science Daily)

[6] Tegan Cruwys, 2018, How group membership can help combat depression

[7] Janus Christian Jakobsen, PLoS One, 2011 ; 6(12):e28299. The effets of Cognitive Therapy versus ‘no intervention’ for Major Depressive Disorder.

[8] Ashley E. Mason, International Journal of Hyperthermia, May 2021; Feasibility and acceptability of a Whole-body hyperthermia (WBH) protocol.

[9]

[10] Melissa M. Lane, Nutrients. 2022 Jul ; 14(13) : 2568. Ultra-Processed Food Consumption and Mental Heath: A systematic Review and Meta-Analysis of Observation studies.

[11] Marion Leboyer, Grand Prix 2021, Lauréats Prix Inserm, recherches maladies psychiatriques.